dessin de nu d'après modèle vivant

Dessin au crayon étape par étape
durée: 2 x 30 mn 


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tutoriel fusain modele vivant dessin
1ère étape: dessin en 2 dimensions de la silhouette

tracé du gabarit

On esquisse avec des segments la silhouette du corps comme on recopierait une carte de géographie, sans se préoccuper un instant de ce que représentent les formes. On peut flouter son regard et ne regarder que d’un œil pour mieux percevoir une forme plutôt qu’un corps en 3 dimensions. Il s’agit d’être précis sur l’orientation des lignes qu’on trace, LES ANGLES.

Dessiner des formes en observant les angles est un excellent outil pour obtenir des bonnes proportions, bien meilleur que de projeter et reporter des longueurs de crayons à bout de bras (c’est plein d’incertitudes, on finit toujours par arrondir à des moitiés, tiers ou quarts).

Faites le test pour vous en convaincre : dessinez un rectangle d’un rapport hauteur sur largeur d’environ 3/5 placé à 2m puis recopiez-le comme vous avez l’habitude.
Puis tracez une diagonale et recopiez en cherchant à reproduire exactement le même angle que la diagonale à ses côtés. Vous devriez voir que vous êtes doué pour dessiner des triangles !

La plupart des difficultés viennent quand on doit mesurer un rapport hauteur largeur (exemple de la largeur des épaules par rapport à la tête), préférez mesurer un angle, c'est plus fiable ! Pour les épaules par exemple, projetez le triangle sommet du crâne / base du cou / extrémité de l'épaule et l'on obtient par triangulation la largeur de l'épaule.

Plus généralement, projeter des diagonales, prolonger virtuellement des lignes pour créer des intersections sur son tracé, etc. doivent permettre de recopier dans un premier temps une forme en 2 dimensions.
Pensez à voir les formes COMME UN RESEAU, cherchez des relations entre les formes, triangulez, ne regardez pas encore le sujet comme un corps mais strictement comme une forme en 2 dimensions.

modele vivant dessin Vérifier les espaces négatifs
Les espaces négatifs désignent la forme laissée entre des formes pleines (le triangle de vide entre le bras et la tête par exemple). Si l’espace laissé n’est pas fermé, fermez-le virtuellement afin d’identifier une sorte de « L » ou toute forme pas trop complexe que vous saurez mémoriser instantanément et reproduire.
C’est un excellent outil de vérification de ses formes, puissant pour dessiner selon ce que l’on voit plutôt que selon ce que l’on sait, c’est parce qu’on croit savoir qu’un bras DOIT avoir telle proportion, qu’un visage DOIT être symétrique, etc. qu’on corrige son dessin et qu’on accumule les erreurs, l’appareil photo qui ne voit que des pixels ou l’enfant qui décalque un contour se trompent moins, le monde est décidément cruel.

Pour aller plus loin, tout ceci est une histoire de cerveau droit / cerveau gauche, vous trouverez une littérature abondante sur le sujet.
tutoriel modele vivant dessin 2ème étape: dessin en 3 dimensions
Il s’agit à présent de dessiner ce que l’on voit en s’aidant de ce que l’on sait : proportions, mesure sensible des volumes, angles saillants ou doux, etc.

Un bon moyen d’évaluer les largeurs des parties des corps est de les voir en 3D comme des tubes plus ou moins aplatis dont on évaluerait la section. On peut imaginer les sections en dessinant des ellipses pour se figurer les grosseurs, c’est assez parlant. Ainsi pour les bras, jambes, poignets et même la taille ou la cage thoracique qu’on peut se figurer localement comme un tube aplati. Un intérêt de cette représentation en tranches de saucissons est que le dessin d’une ellipse non seulement permet d’évaluer une grosseur mais en plus le dessin de la section ORIENTE localement le membre.

Note : ne pas passer trop de temps sur une silhouette parfaite, se souvenir que de pose en pause le modèle bouge. Idéalement, se débarrasser assez vite de la silhouette et travailler aussi de proche en proche, la tête, puis les épaules, le torse, etc. par exemple. Refaire sa silhouette si le modèle bouge trop.
Certaines parties changent toujours de position après le break: les mains, le visage par exemple. Pour cela, Les dessiner en une fois s’il reste assez de temps avant le break. Ne jamais commencer le dessin des mains juste avant le break, impossible de retrouver la même position ensuite. 
dessin nu fusain crayon modele vivant
planche d'anatomie de Léonard de Vinci
3ème étape: considérer l'anatomie
La dessin genre 3D permet de poser des formes proportionnées. Pour dessiner un corps correctement, il faut savoir comment c’est fait, pas moyen d’échapper à l’étude anatomique.
S’il vous parait évident que pour dessiner justement une bicyclette il vous faut bien identifier les roues, la chaine en métal, la selle en cuir, etc. cela est aussi évident pour le corps.
Savoir identifier sous la peau si l’on a de l’os, des muscles ou de la graisse, comprendre la position des hanches dont on doit connaître la forme complexe, COMPRENDRE les articulations pour savoir dessiner un genou (qui n’est jamais que des têtes de fémur et de tibia avec une rotule qui se balade, et des ligaments et muscles autour), savoir discerner un deltoïde d’un muscle pectoral et savoir lequel passe en dessous l’autre, etc.
C’est l’étape la plus fastidieuse ou passionnante, il faut vraiment comprendre le corps comme une machine mécanique.
Tant de planches d’anatomies sont mal faites parce qu’elles n’explicitent pas la mécanique, on dirait des copistes qui ont décalqué des photos sans comprendre… regardez les planches de Léonard de Vinci : on comprend tout ! Le muscle pectoral qui s’insère sous le deltoïde, les mouvements de tiroir et charnière du genou sont clairs, la mécanique du coude est limpide. Regardez-vous dans le miroir, faites des mouvements, identifiez, comprenez ce qui bouge sous la peau… Vous en avez pour quelques années à questionner les mouvements pour identifier le os et les muscles qui les engendrent.
Une fois qu’on discerne les parties fémur / tibia / rotule / muscles, dessiner un genou est trivial.

C’est donc sereinement que l’on modèle les volumes en hachurant (ce qui les oriente) ou en repérant des bosses et des creux par des traits à son goût.

étude de Prud'hon - éclairage avec une source de lumière franche


apprendre dessiner les ombres
zoom de la cheville avec les 3 valeurs de gris clair / ombre propre / ombre portée


dernière étape: ombrer
Les volumes étant compris et dessinés, il ne reste plus qu’à ombrer.

Noter l’importance de l'éclairage pour faciliter l'identification des zones de lumière et d'ombre : il est bon d’avoir une source de lumière unique, directive, type projecteur.
Un atelier idéal est une pièce où les lumières éclairent uniquement les chevalets sans parasiter la scène par des sources secondaires. Ceci permet d'avoir des ombres franches et sombres sur le modèle.
Ca semble du détail mais fait une véritable différence: il est très agréable de dessiner un sujet lisiblement sculpté par des ombres et lumières et plutôt pénible d'avoir à gérer des ombres doubles ou triples. Dessiner 2 ombres sous un sein, ça en fait 2 fois plus à dessiner pour rien, ça fait perdre du temps et ça fait un rendu moche. Soyez exigeant avec l’éclairage de votre atelier, se rappeler que le dessin d'après modèle vivant est une course contre la montre.

On observe souvent un bel éclairage directif, de belles ombres franches sur les dessins d'académie du XIXème (image ci-contre)

dessin ombres crayon tutoriel Avec un éclairage qui va bien, on identifie 3 types d'ombres et de clairs correspondant à 3 valeurs de gris (plus ou moins, pas strictement):
- ombre portée (ou projetée) et ombre crête (de même valeur, les plus sombres)

- ombres propres (entre les deux)

- clair et ombres diffuses (ou ombres de forme)

Il s’agit de griser progressivement en respectant la hiérarchie des valeurs de gris. Foncer de la même valeur (plus ou moins) toutes les ombres portées, d’une valeur intermédiaire les ombres propres et griser de quelques hachures ou en gris très clair les ombres diffuses dans les clairs.

Harmoniser en gardant à l’esprit qu’on ne doit avoir que 3 valeurs bien distinctes pour une bonne lisibilité des volumes : clair (blanc de la feuille) / gris moyen (ombres propres) / gris foncé (ombres portées).
Bien sûr, cette simplification en 3 valeurs est à nuancer mais elle permet dans un premier temps de hiérarchiser efficacement ses valeurs et de s’habituer à distinguer le type d’ombre qu’on reporte.

Une fois satisfait du rendu des ombres, nettoyer les traces à la gomme mie de pain. You’re done !




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Notes complémentaires:

position du chevalet

Préférer un chevalet à un bureau même incliné afin de n'avoir que des mouvements gauche droite à faire pour passer de la vue du modèle à celle de son dessin.

Régler la hauteur de manière à ce que la feuille soit en moyenne à hauteur du thorax: plus haut ça fatigue de lever le bras, plus bas faut se pencher et ce faisant on ne regarde plus le modèle du même point de vue.

Enfin, dessiner debout plutôt qu'assis pour une meilleure liberté de mouvement, pour être moins figé (préférence personnelle).

Matériel
Crayon noir PITT OIL BASE (Faber Castell) medium, pierre noire, gomme mie de pain, bloc Canson XL blanc A2.
résumé des outils qui vont bien pour dessiner d'après ce qu'on voit plutôt que d'après ce qu'on sait

Plusieurs moyens pour mesurer et reproduire une image que l'on voit, il convient d'utiliser les plus adaptés à chaque besoin, de la même façon qu'on utilise un rapporteur pour mesurer un angle, un règle pour une longueur ou un bout ficelle pour comparer deux longueurs.

reporter des angles:
Sûr, rapide et intuitif puisqu'il suffit de faire un geste avec la main ayant la même inclinaison que ce que l'on voit, comme si vous deviez effleurer une épaule, suivre une courbe sans la toucher. On sait faire, il faut simplement affiner le geste. Bien adapté pour les trapezes, cou, etc. Et même le visage (nez, joues, sourcils...)

identifier et dessiner des espaces négatifs: extraordinairement puissant pour dessiner selon ce que l'on voit en oubliant tout ce qu'on sait, outil de vérification. Très utile pour les raccourcis ou même le visage (la forme entre le soucil et l'oeil a une forme particulière facile à reproduire, alors que bien dessiner une paupière sans simplification excessive est très difficile)

comparer des longueurs:
le moins fiable des outils de mesure, qui porte naturellement à tout normaliser puisque l'on approxime qu'un nez a la même longueur qu'un front ou que la distance du bas du nez au menton. Si bien qu'à la fin tous les visages font 3 tiers pour ces distances.
L'utiliser avec parcimonie et prudence plutôt pour projeter de grandes longueurs (longueur d'une jambe par rapport à un torse, etc.)

aplombs, verticales, horizontales: projeter horizontalement ou verticalement des points pour vérifier qu'on a bien observé un emplacement.