peindre une peau sous un éclairage chaud uniforme
peinture à l'huile étape par étape
travail en deux couches
     



Objectif
On souhaite réaliser un tableau de grande dimension à partir d'un dessin réalisé sur le vif. On travaille sans modèle et sans photo, c'est pourquoi on imagine librement un éclairage qui va bien. Mettons un éclairage chaud uniforme venant plutôt d'en haut.

Choix du nombre de couches
On travaille en deux couches. La première couche complète le dessin par la couleur et quelques volumes. La seconde couche s'appuie sur la première, sombre et saturée, pour faire monter les clairs, tout en volumes modelés et signés de quelques reflets et ombres portées.

Choix d'une palette

L'orange peau de la première couche est obtenu par un mélange d'ocre jaune et de vermillon mélangés dans du blanc de titane très couvrant bien utile pour la première couche. Les contours et ombres sont tracés à la terre de sienne brûlée.

Le rose peau de la deuxième couche est obtenu par un mélange d'ocre jaune, de vermillon que l'on associe à du blanc d'argent (imitation) idéal pour le modelage (et surtout pas de blanc de zinc faiblard ou de titane trop couvrant et plombeur de couleur). De la terre de sienne brûlée venant ombrer ça et là.

Pour le visage, on complète cette palette par de l'ocre de chair, de l'alizarine, de l'ombre brûlée et de l'outremer.
peinture huile portrait etude femme couleur peaupeinture huile portrait etude femme couleur peau


  

Dessin à l'ombre brûlée
On commence par un lavis d'ombre brûlée dilué au white spirit que l'on hachure en considérant les volumes.

En l'absence de modèle, on revient à l'anatomie et on s'aide d'un miroir en se prenant soi-même comme modèle. Se souvenir que le dessin est à la base de tout, travailler autant que possible cette étape pour équilibrer, construire au mieux.

Laisser sécher dans un local aéré.

Barbouillage du fond
Le fond est rapidement obtenu en frottant un chiffon piqué d'un mélange de bleu primaire, d'ombre brûlée et de blanc de titane (pour donner du corps) sur la toile blanche, le tout dilué au white spirit avec les précautions d'usage. On obtient des nuances de gris bleu ou de gris brun selon le dosage.

Laisser sécher dans un local aéré.

Première couche
L'objectif de cette étape et d'obtenir pour la peau des couleurs saturées et sombres qui constitueront la base sombre de la deuxième couche.

On applique une tartine bien couvrante (mais néanmoins mince) de blanc de titane orangé à l'ocre jaune/vermillon. On finit en éclaircissant plus légèrement au blanc d'argent. On raffermit les contours et les ombres à la terre de sienne brûlée.

On travaille soigneusement les ombres du visages à la terre de sienne brûlée qui resteront par transparence en deuxième couche.

On passe un mélange d'ombre brûlée et d'outremer pour le noir de la robe, on barbouille de gris du fond le tablier pour suggérer quelques plis.


peinture huile portrait etude femme couleur peaupeinture huile portrait etude femme couleur peau






Deuxième couche
L'objectif de cette dernière couche est d'obtenir le rendu final souhaité pour la carnation.
On éclaircit l'orage sombre de la première couche en procédant ainsi:

On vient barbouiller d'un jus coloré transparent très huileux de vermillon et de terre de sienne le tout.

On vient ensuite épaissir éclaircir par ajout de blanc d'argent et de ces mêmes couleurs.

Peu à peu la matière prend de l'accroche et du collant, on vient alors poser des touches plus épaisses de couleur pure. On alterne avec des ombres et contours à la terre de sienne brûlée qui se mélange aussi au tout sans disgrâce. On se retrouve avec une peau sale décourageante, que faire ?

Eclaircir et assombrir franchement
L'accroche de la matière est bonne, on vient poser franchement des bandes claires pour les lumières, sombres pour les ombres en cherchant la bonne valeur.

On pose une touche claire carrée que l'on étale en l'assombrissant dans le frais collant. On travaille l'ombre du front à la terre de sienne brûlée, à l'ocre de chair. Puis la bouche en ajoutant du vermillon pur, de l'alizarine mélée à de l'ocre de chair.

On profite d'une matière qui permet un mélange sombre sur clair pour foncer rechauffer facilement.

On utilise la masse des cheveux pour venir assécher son pinceau sombre. C'est bien les cheveux pour essuyer son pinceau.

   
peinture huile portrait etude femme couleur peau




Eclaircir le tout, modeler
La matière accroche bien, on vient poser des bandes claires de blanc d'argent et d'ocre jaune et vermillon un peu partout, on éclaircit franchement.

On continue de poser franchement des taches claires que l'on élargit progressivement pour éclaircir tout une zone. Ne restent à la fin que quelques rectancles préservés du très clair de la tache de départ qui seront les reflets de leur zone.
Par exemple, le reflet jaune clair sur l'épaule à gauche a été obtenu en posant une tache jaune clair que l'on a mélangé au frais plus sombre en ne préservant de la tache de départ qu'un petit rectangle, le reflet en question.

En procédant ainsi, on éclaircit progressivement la peau de tout le corps.

Attention, le pinceau d'abord très clair et saturé devient plus sombre et terne en élargissant la tache claire! il faut être précis et sans retouche pour obtenir de dégradés vivants comme ceux de la main au plateau obtenus en une fois...

Renforcer les contours
On fonce à la terre de sienne brûlée et à l'ombre brûlée les contours que l'on fond à la couleur peau.

peinture huile portrait etude femme couleur peaupeinture huile portrait etude femme couleur peau

Dernière couche
Le jour suivant, on s'attaque aux vêtements et aux éléments du décor (plateau, verres, murs).

On obtient le drapé du tablier en plaçant d'abord des plis en creux gris mélange de bleu primaire et d'ombre brûlée puis en venant éclaircir les plis en bosse par tartinage de blanc de titane trempé d'ocre jaune.
La consistance épaisse et couvrante du blanc de titane fait presque tout tout seul. On allonge de longues bandes pour éclaircir des zones entières et diluer.

La tasse, le mouchoir sont obtenus en venant éclaircir une mélasse de terres sombres par du blanc de titane collant.

Le plateau de bois est obtenu par des mélanges d'ocre rouge intégrant de l'ombre brûlée, de la terre de sienne brûlée, un peu d'ocre et quelques reflets.

Enfin les verres apparaissent progressivement et un peu par hasard par touches nuancées des couleurs du fond mélées à du blanc de titane et assombries par endroits à la terre de sienne brûlée ou de l'ombre brûlée. Des rares touches de blanc viennent cerner de reflet les gabarits des verres.